Introduction
En tant qu'artiste-chercheur, j'ai développé un attrait particulier pour les questions techniques et scientifiques entourant la pratique instrumentale, spécifiquement de la percussion. Les œuvres abordées lors de mon parcours universitaire et professionnel m’ont permis de développer une expertise dans le répertoire québécois pour percussion solo. Mon travail ainsi que mon récital final de maîtrise portaient sur la relation entre la musique française et québécoise pour percussion : j’y ai présenté des pièces des compositeurs français Philippe Hurel et Bruno Mantovani, de même que des œuvres des compositeurs québécois Nicolas Gilbert et Michel Longtin. Le tout était complété d’une composition pour caisse-claire écrite par moi-même. En tant qu’interprète professionnel j’ai travaillé directement avec de nombreux compositeurs sur l’écriture pour percussion, tant en solo qu’en musique de chambre ou en orchestre symphonique. Mes expériences m’ont fait réaliser qu’une partie essentielle de mon rôle comme musicien créateur était de travailler à la documentation des œuvres afin d’en assurer la pérennité, la diffusion et la transmission pour qu’elles puissent s’ancrer dans le patrimoine musical québécois et canadien et, plus largement, dans la tradition musicale de la percussion.
Vous trouverez donc ici, parfois sous forme d'article, parfois sous forme d'atelier, de l'information sur les différents axes de recherche sur lesquels je travaille.
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Atelier - Écrire pour percussion
En tant que percussionniste spécialisé en musique contemporaine et en création, mon travail réside principalement dans l’interaction avec les compositeurs et les compositrices. Au cours des dernières années, j’ai participé, soit en solo, avec Ensemble Paramirabo ou avec Duo AIRS, à la création de plus d’une cinquantaine d’œuvres en travaillant directement et activement avec leurs compositeurs. Dans mon travail avec eux et elles, un des sujets les plus récurrents est celui de la spécificité et de la complexité de la percussion, tant sur le plan de l’écriture que des possibilités sonores. Plusieurs traités (ex: Brindle 1991, Solomon 2002) existent pour parler de l’écriture pour percussion mais il n’existe pas vraiment de consensus sur la question. L’utilisation intensive de la percussion étant relativement récente dans l’histoire de la musique, elle est un instrument dont les codes varient énormément d’une école de pensée à une autre, d’un interprète à un autre. De plus, il est important d’allier une connaissance théorique (les traités) à une connaissance pratique (collaboration avec un interprète). Mon atelier « Écrire pour percussion » sert donc de lien entre la théorie de différents traités et la pratique instrumentale dans le concret. Il se divise en deux parties : l’écriture pour percussion et les techniques étendues de percussion. Lors de la première partie, j’aborde trois catégories différentes de percussion (multipercussion, caisse-claire et claviers), leurs spécificités quant à la notation ainsi que la notation des baguettes. Je donne au passage des exemples tirés de la littérature et du répertoire de chaque instrument (Xenakis, Romitelli, Longtin, Oliveira, Martynciow, Manoury). En deuxième partie, je présente, instruments à l’appui, les techniques, sonorités possibles et limites (physiques, sonores ou autres) de différents instruments. Cette partie se divise entre les différentes familles d’instruments suivantes : claviers (marimba, vibraphone), peaux (caisse-claire, grosse-caisse, toms, congas, bongos, rototoms), métaux (cymbales, tam-tam, gongs, bols tibétain) et bois (woodblock, tambour de bois). Voyez (ou revoyez) la vidéo de ma présentation donnée le 7 octobre 2020, en collaboration avec la Ligue canadienne des compositeurs : Lien vers la vidéo Lien vers le Prezi de la présentation Dossier Pierre Béluse
Bientôt... YEs we kant, La théâtralité sans le théâtre
Bientôt... Notes de programme Deuxième récital de doctorat
Le répertoire de ce récital a été choisi en fonction de la place qu’occupe chaque œuvre dans le corpus musical québécois, soit le cadre principal de mes recherches doctorales, ou dans mon répertoire personnel. trajets/tendances est née d’une collaboration avec le compositeur Dominique Lafortune, que j’ai découvert à travers des ateliers sur la sonologie sonore qu’il a données dans un cadre de médiation culturelle avec mon ensemble, Paramirabo. Moi, jeu…, bien qu’écrite par un compositeur français, est une œuvre pour marimba virtuose qui détonne des pièces standard pour claviers, de par la façon dont l’instrument est traité, quasiment à la manière d’une multipercussion. La partition de la pièce Espace a été découverte lors de mes recherches dans les archives de Pierre Béluse, dans le cadre de mon projet spécial en collaboration avec la Marvin Duchow Library de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Première pièce pour multipercussion composée par un québécois, Trakadie revêt une importante particulière dans mes recherches. Créée à Paris en 1970, elle a été rejouée quelques fois dans les années suivantes, puis, en raison du format analogue des sons fixés, elle est quelque peu tombée dans l’oubli. La dernière œuvre au programme, Exil : Shanghai 45, que j’ai interprétée une première fois en 2016 lors de mon récital de fin maîtrise, est celle qui a lancé mon désir de poursuivre un doctorat sur le corpus québécois pour multipercussion. Œuvre imposante d’environ vingt-cinq minutes, elle contient des éléments théâtraux, un aspect scénique important (tant dans l’instrumentation que dans l’interprétation), une part importante de virtuosité instrumentale et une partition plutôt difficile d’approche de prime abord. Tous ces éléments, jumelés à la richesse intrinsèque de l’œuvre, m’ont amené à vouloir explorer cette œuvre et plus globalement, la riche culture québécoise de la multipercussion. Notes de programme - Trakadie (Micheline Coulombe Saint-Marcoux)
Trakadie (1970) — Micheline Coulombe Saint-Marcoux (1938-1985) Pour multipercussion et sons fixés Née dans la région du Lac Sain-Jean en 1938 et décédée en 1985, Micheline Coulombe Saint-Marcoux fut une véritable pionnière de la musique de création au Québec. Après des études à l’École Vincent d’Indy, elle poursuit son parcours au Conservatoire de musique de Montréal auprès de Gilles Tremblay et Clermont Pépin. Première femme à remporter le Prix d’Europe en composition en 1967, elle s’envole donc vers Paris pour y parfaire sa formation. Elle suit notamment les cours de Pierre Schaeffer au Conservatoire de Paris. Elle participe à la fondation du Groupe international de musique électroacoustique de Paris (GIMEP), avec qui elle organise des concerts un peu partout à travers le monde. De retour à Montréal, elle enseigne au Conservatoire de musique et forme, avec les percussionnistes Pierre Béluse, Guy Lachapelle et Robert Leroux, l’ensemble Polycousmie, ensemble dédié à l’improvisation, à la percussion, à l’électroacoustique et à la danse. *** Inspirée par différentes disciplines artistiques, Coulombe Saint-Marcoux offre une musique où le son et le geste théâtral ne font qu’un. Influencée par les possibilités de l’improvisation, Trakadie, première pièce québécoise pour multipercussion solo, est une œuvre où le percussionniste interagit constamment avec une bande sonore. Le nom de l’œuvre est d’origine autochtone et signifie : rencontre de différents cours d’eau. Trakadie est ici la «rencontre» de deux sources sonores a priori distinctes, la percussion et l’électronique, mais qui dans les faits, interagissent de différentes façons. Trois types de «rencontres» peuvent donc avoir lieu : Attirance ou dialogue, Répulsion ou monologue, Fusion ou entente totale. Optant pour une bande fixe plutôt qu’un traitement en temps réel, plusieurs éléments électroacoustiques peuvent toutefois semer une certaine confusion auditive quant à la provenance réelle du son, l’interprète jouant parfois un élément tout juste avant que la bande ne le reprenne, parfois l’inverse. Bien que certains éléments doivent arriver à des moments précis, une grande part de liberté est donnée à l’interprète, qui peut choisir d’improviser certains passages ou motifs. La partie de sons fixés de Trakadie a été obtenue et transférée en format numérique grâce à la collaboration du Centre de musique canadienne du Québec. |